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Série Mémorialivre(s)

 

"Pierres avisées, Pierres à Visées"

Installation

Octobre/novembre 2003 Chapelle Saint-Julien-Le Petit-Quevilly

 

Métal

 

Pierres

Vidéo

Magnétoscope

Bandes VHS

Ce projet « sculptural » pour la chapelle est nourri de plusieurs considérations, dont deux principales : l’une architecturale, l’autre humaine...

Durant la première période de mes recherches, cette architecture de grande qualité s’est imposée avec une force démesurée, décalée face à mon souhait d’échapper à la « clôture » du lieu.

 Mon ambition: le rendre poreux, ouvert au monde...Dans le même temps, s’affirmait aussi, contradiction, le souhait d’un maintien, si possible, de ce havre de paix et de son aura propice à la méditation, au souhaitable repli ; cautionner en somme la noble fonction de ce lieu de recueillement ; exalter ce qui émane de ses pierres...comme une mémoire revisitée de ses fonctions au cours du temps : culte, hôpital pour lépreux, grange, ...puis lieu d’exposition d’art d’aujourd’hui. Mais un fait violent, pour modeste soit-il, s’additionnant à d’autres agressions, m’a laissé sans voix, stupéfait, inadapté en la circonstance. L’obligation de réagir, de comprendre, de « faire œuvre » aussi, nécessairement de ces faits, (méfaits) ont cautionné, renforcé une démarche déjà engagée dans mes MEMORIALIVRES qui consistent en une captation de textes, que je juge majeurs, essentiels. Comment en effet, répondre à la violence ? Travaillant le plus possible avec le «génie du lieu», l’exposition « PIERRES AVISEES » dans cet espace à haute valeur symbolique et morale, tente de jouer, le toujours nécessaire questionnement de notre relation à l’autre, à notre conscience, croyance, désir, pulsion et raison...

Cette « sculpture »-car délibérément mise en forme, création plastique- s’est développée depuis plusieurs années autour de la mise en forme (donc visuellement) de pensées philosophiques choisies. Plus précisément, c’est l’addition par captations dans des lieux divers, de lectures systématiques de tous les extraits d’un manuel de philosophie de terminal que j’ai tenu à lire, à mettre en bouche, en voix (en vocation), avec un support d’images vidéo, souvent en connivence avec le thème traité par le philosophe. De façon essentielle, la présentation de l’installation sculpture nommée PIERRES AVISEES dans la chapelle Saint-Julien, se veut comme un écho de cette architecture tant chargée de sens, réinterprétée, réactualisée, rejouée.

Le premier volume, le portique et ses trois pierres suspendues et percées, affirme dés l’entrée, la matière tangible, la pierre et le fer, le jeu avec la pesanteur, l’équilibre mais aussi l’axe horizontal, la visée plus mentale que réelle, vers le chœur et le deuxième ensemble de l’installation.

Cette première structure, qui ressemble aux engins utilisés pour la construction, est essentiellement instrument, truchement, appareil de visée tendu vers le centre du deuxième volume, le centre d’un miroir circulaire qui focalise le regard vers le plafond et ses fresques romanes remarquables.

La tour se veut pyramide, élan vers le haut et ancrage ferme sur le sol, bien que mobile.

La tour, est l’enveloppe du miroir, support de miroirs qui la relie, l’articule avec l’architecture de la chapelle et avec les spectateurs. Autour de la tour, sont déposés en un ensemble hétérogène, huit téléviseurs sur de multiples pierres déposées sur des supports, des chariots comme dans un chantier. Là se déroule plus de douze heures de lecture, difficilement audible, comme une masse sonore, à plusieurs voix (et pourtant la même), lisant dans sa continuité la quasi-totalité du recueil de philo. Tout est aléatoire, à peine calé, provisoire, à prendre, à reprendre pour reconstruire peut être ...Ensemble sonore perçu, comme psalmodies, prières, incantations pour des dieux multiples, contradictoires, des pensées dogmes, des pensées doutes, des absences de dieux...sous les voûtes sereines d’un idéal lointain. Ainsi, « PIERRES AVISEES » comme « monument bancal » aux philosophes de tous les temps. Reflet implicite de nos relations actuelles, souvent confuses, dérisoires, inopérantes au social et à la sociabilité la plus élémentaire, au culturel, au religieux, à l’histoire et à la modernité...Un chantier. Un éternel chantier...pensées-matières toujours à se réapproprier, à sculpter.

Quête pour chacun de sa pierre philosophale ?

Présentation dans le catalogue des "Inspirations

de la chapelle St-Julien 2002-2012

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